Franck Michel

Éditions GOPE, 234 pages, 14.5x20.5 cm, 58 illustrations noir et blanc + cahier photos couleur 16 pages, 1975 , ISBN 979-10-91328-30-2

vendredi 14 septembre 2018

On en parle sur Babelio

Article original


Philbast

Au travers d’un livre qui n’est ni un guide touristique classique ni un récit de voyage, l’auteur présente ce vaste pays en parcourant ses trésors culturels.
En se polarisant sur les populations et sur beaucoup d’aspects méconnus de ce pays, il présente une image singulière d’un pays que l’on résume trop souvent à la tumultueuse Djakarta, aux monuments de Borobudur et aux plages de Bali.
Certains des habitants présentés sont des paysans aux traditions séculaires originales qui sont restés préservés de la mondialisation.
L’intense diversité de l’Indonésie apparaît remarquablement mise en valeur par les différentes chroniques de ce livre dont la forme classique n’est pas sans ajouter un aspect un peu désuet à une présentation toujours précise, documentée et bienveillante.
La dernière partie du livre est constituée de photographies en couleur des sujets évoqués précédemment.
On regrettera peut-être que certains des aspects moins pittoresques de l’Indonésie soient moins mis en valeur ou quelque peu occultés. Le plus grand pays musulman du monde, par sa population, n’est en effet pas l’un des plus tolérants et la condition des femmes et des minorités y est aujourd’hui difficile.
Ce livre n’en demeure pas moins une lecture essentielle pour tous ceux qui veulent mieux appréhender toutes les facettes d’un pays riche et complexe.



SomTam
5/5★

En route pour l’Indonésie : Chroniques culturelles autour d’un archipel émergent est un bel ouvrage permettant d’appréhender ce grand pays qu’est l’Indonésie. 
Franck Michel a soif de nous faire découvrir ce pays qu’il étudie depuis maintenant plusieurs décennies. Une passion que l’on retrouve dans l’écriture et la lecture de cet ouvrage.
On ressent la formation d’anthropologue de l’auteur, son recueil étant très bien écrit, structuré et documenté. 
Il serait difficile de brosser un portrait unique de l’Indonésie tant cet archipel est riche et vaste.
Le lecteur découvre ainsi, au fil des pages, toute cette diversité culturelle et confessionnelle. Une richesse que l’on retrouve également dans son histoire, ses populations, ses traditions, son patrimoine, ses paysages, etc.
Qu’on se le dise, l’Indonésie est une terre de contrastes et c’est probablement pour cela qu’elle a tant attirée à travers l’histoire.
Cette immersion est complétée par des photographies qui donnent corps au texte, permettent de visualiser les sujets abordés et nous plonge encore plus dans ce voyage.
Merci aux éditions Gope et à Babelio de m’avoir fait gagner ce livre lors d’une masse critique, et d’avoir pu l’espace d’un instant voyager au coeur de cet archipel d’une grande richesse.



Nathv
4/5★

Je remercie Babelio – via sa Masse Critique – et les Éditions GOPE de m’avoir permis de découvrir ce magnifique livre.
Et pourtant, cela commençait doucement : l’introduction ressemblait plus à mon cours de sociologie de première année d’université qu’à un livre passionnant. Il m’a donc fallu un peu de courage pour entamer le premier chapitre… mais une fois cela fait, waouh, impossible de lâcher cet ouvrage !
L’auteur, anthropologue de formation, nous fait donc découvrir l’archipel Indonésien et ses environs au gré de ses coups de coeur et des populations, traditions, coutumes et paysages qui les façonnent.
L’on comprend très vite le paradoxe de l’Indonésie : une terre riche d’une immense culture ancestrale face au modernisme, à l’occidentalisation… le progrès selon la population. Mais faut-il sacrifier ses traditions au profit de l’argent/du tourisme ? Certes, ce dernier permet à la population un meilleur confort de vie – encore faut-il que la population locale en profite réellement –, mais à quel prix ? Tel est l’un des questionnements posés par Franck Michel. Il en est d’autres : l’organisation de « faux » rites religieux pour touristes, la défiguration/transformation des sites culturels, la disparition d’ethnies ou leur transformation en « zoo pour touristes », la dénaturation des paysages, etc.
Chaque chapitre est une destination en soi : un descriptif de la vie locale, de ses habitants, de l’histoire… et même, dans certains cas, l’occasion de placer certains contes légendaires.
Le texte de l’auteur (bien que quelques fautes de français parsèment le récit) est un vrai bonheur tant la connaissance de l’homme est grande : l’on perçoit la connaissance du terrain, mais également la connaissance historique de cet archipel Indonésien, tant ancestrale que coloniale… et « actuelle » également.
L’on ne rêve que d’une chose : déposer le livre, prendre un sac à dos (y glisser le livre) et prendre un billet d’avion pour Jakarta, Lombok ou Les Moluques ! Et l’ultime rêve serait que Franck Michel nous accompagne pour nous faire découvrir ce petit coin de paradis.

lundi 4 avril 2016

Cultures d'Indonésie

Peti Futé Mag - Printemps 2016


Ce recueil de chroniques culturelles sur l’archipel Indonésien nous emmène d'île en île, d’une religion à une autre, d’une société à une autre. « L’unité dans la diversité » est d’ailleurs le slogan de cet immense pays de tous les possibles. Ces chroniques sont surtout des invitations à voyager au fil de l’Archipel, de ses cultures et de ses territoires, insulaires, volcaniques, urbains.


De la culture sasak au culte de la nature à Lombok (extrait)

Chroniques d'Indonésie

Lombok est résolument une île qui se mérite. Une grande île qu’il ne faut surtout pas amalgamer aux trois petites îles Gili… même si ces îlots touristiques appartiennent de fait à Lombok.

En réalité, les sous et l’esprit de Bali dominent ce petit monde insulaire de la fête organisée et du farniente obligé. Lombok relève d’une réalité autrement plus exotique. Comparée à Bali, on perçoit tout de suite qu’on y trouve encore des espaces quasi vierges ! Et notamment des plages immaculées qui n’ont absolument rien à envier aux rivales balinaises, bondées ou blindées, parfois polluées et de plus en plus privatisées. Mais le constat est là : les touristes défilent massivement à Bali et boudent durablement Lombok.

Une nature plus intacte qu’à Bali ?

Lombok est une île nettement moins peuplée et bien plus intacte sur le plan de l’environnement que Bali, son orgueilleuse mais célébrissime rivale.

Terriblement concurrencée par sa voisine balinaise, sa terre est plus rude (moins convoitée ?), ses habitants ont opté pour un islam globalement orthodoxe délaissant peu à peu un islam aux relents animistes longtemps ancré dans la tradition locale, et, la pauvreté aidant, les principaux rouages de l’économie insulaire sont aux mains des Balinais sinon des Javanais et des étrangers. Au fil du temps, l’amertume et la rancœur s’ajoutent ainsi à la fierté redoutable et à la foi inébranlable des habitants de Lombok. Mais ces raisons de la colère sont compréhensibles, car l’histoire de l’île, à l’instar de son sol souvent ingrat, n’a pas été facile à vivre, à digérer, à supporter.

Aujourd’hui, en fait depuis au moins deux décennies, l’histoire semble se répéter à propos du développement touristique : à sa voisine, plus sexy, médiatique et hindoue, les recettes et devises, et les restes, s’il y en a, reviennent aux habitants de Lombok. De là – et de quelques regrettables faits divers relatant régulièrement les déboires de trekkeurs occidentaux se confrontant à l’ascension du Rinjani – provient sans doute aussi cette mauvaise réputation des habitants de l’île dès lors qu’ils viennent s’installer dans l’Est balinais ou dans les bas-fonds de Denpasar ou de Kuta, en quête d’un travail illusoire ou d’une échappatoire à la misère.


vendredi 25 mars 2016

Coutume, religion et politique chez les Toraja à Sulawesi-Sud (extrait)

Chroniques d'Indonésie

En Indonésie orientale, les Toraja Sa’dan résident essentiellement dans le département (kabupaten) qui porte leur nom (Tana Toraja, également contracté en Tator, ce qui signifie « Terre des Toraja ») et qui se situe dans la province de Sulawesi-Sud. La colonisation hollandaise s’est imposée tardivement (1905-1907) dans cette région montagneuse, isolée et difficile d’accès. Mais l’évangélisation connut un succès, certes lent, mais durable, en partie due à la présence de puissants voisins musulmans. Si les conflits interconfessionnels furent nombreux, le syncrétisme religieux constitue aujourd’hui une réalité quotidienne, rassemblant notamment les chrétiens (protestants, catholiques, pentecôtistes…), les musulmans et les derniers pratiquants des cultes autochtones.

Le rapide essor du tourisme a ébranlé les valeurs et les habitudes des villageois. Il a aussi permis aux habitants de gérer alternativement leur futur, leurs politique et économie locales, ainsi que d’affirmer leur identité culturelle. Les croyances religieuses autochtones exigent un investissement considérable et relèvent d’un mode de vie et de pensée en lien étroit avec la « voie des ancêtres ».

La majorité des Toraja sont aujourd’hui chrétiens mais, en dépit des conversions et des changements socioculturels irrémédiables – notamment ceux conférés par l’ingérence de l’État indonésien, de la mondialisation et du tourisme international dans les affaires locales – qu’ils connaissent depuis quelques décennies, les faits culturels et religieux continuent d’occuper un rôle essentiel comme le montrent par exemple les cérémonies funéraires traditionnelles. Le monde des Toraja se divise en deux sphères distinctes ainsi que les ont fixées conjointement la coutume (ada’ ou adat) et la religion (aluk ou agama) :

1
L’Est
Le matin
Les rites propitiatoires
(Rambu Tuka’)

2
L’Ouest
Le soir
Les rites funéraires
(Rambu Solo’)

Les fêtes toraja attirent et fascinent les touristes autant que les autoch-tones. La mise en tourisme de la société n’occulte pas encore la ritualisation du spectacle de la mort […]



Les îles Banda, un archipel aux épices rudement convoitées (extrait)

Chroniques d'Indonésie

On connaît la route de la Soie ou celle des Indes, mais on a quelque peu oublié la route des Épices. Certes, elle est historiquement pavée d’embûches et surtout de sang et de larmes. À nos yeux, elle paraît également bien lointaine, dans le temps (XVIIe siècle) comme dans l’espace (13 000 km).

Le chemin très prisé pour parvenir à ces épices exotiques (notamment clous de girofle et noix de muscade) méritait peut-être une bataille, mais pas autant de guerres, passées et présentes, car l’histoire si douloureuse de la double conquête, à la fois économique et coloniale, de ce modeste archipel est tout sauf un long fleuve tranquille. Alors qu’en Amérique du Sud, à la même époque, le métal jaune et ses promesses justifiaient aux yeux de beaucoup d’Européens le mythe de l’Eldorado, en Insulinde l’or portait le nom d’épices exotiques, rares, précieuses, valant par conséquent leur pesant d’or sur le marché de cette première mondialisation en pleine gestation depuis l’avènement – et aussi le massacre organisé – desdites « Grandes découvertes ». Grandes, car très lucratives surtout. Les Moluques et leurs épices n’échappent en rien à cette triste réalité et dure loi du marché.

Les îles indonésiennes sont un peu à l’image des poupées russes : ainsi, si les Moluques représentent un modeste archipel oriental au sein de l’immense archipel Indonésien, le minuscule archipel de Banda n’est quant à lui qu’une petite composante de l’archipel des Moluques. En fait, les îles Banda (au nombre de 10, mais seules 7 îles sont habitées) occupent le sud du district appelé « Moluques du Centre » qui se trouve dans la province officiellement dénommée « Moluques » (formant avec la province de « Moluques du Nord », l’ensemble de l’archipel des Moluques). La richesse de cet archipel tient en un mot : la muscade.


mardi 8 mars 2016

Les nomades de la mer (extrait)

Chroniques d'Indonésie

En Insulinde, les nomades de la mer écument les derniers recoins maritimes de l’archipel Indonésien, mais aussi Malais et Philippin. Ils portent divers noms, mais Orang Laut, ou « gens de la mer » en indonésien et en malais, est l’appellation générique (comme pour le terme de sea gypsies en anglais). La plupart du temps, on les nomme Badjo ou encore Bajau, en fonction surtout des lieux et des territoires maritimes qu’ils fréquentent.
Si leur mode de vie reste en partie nomade, il est résolument en sursis et menacé de disparition, et cela est déjà le cas en maints endroits de l’Archipel, au nombre de quelques centaines ou de quelques milliers (les données chiffrées peuvent varier considérablement en fonction des critères adoptés). Cette population authentiquement nomade s’est réduite drastiquement au fil du temps. Leur survie passe en général par la sédentarisation, de gré comme de force, sous l’impulsion des autorités en place.
Les diverses composantes de gens de la mer naviguent, habitent chichement ou simplement survivent sur le littoral oriental de la grande île de Sumatra, dans les îles voisines et sur les côtes des îles de Bangka et de Belitung. Ils sont également présents aux abords de Bornéo, et surtout autour de Sulawesi – au Nord en particulier – et dans l’archipel des Moluques. Les liens avec les Bajau des Philippines semblent assez évidents tandis que ceux entretenus notamment avec les Moken de Thaïlande restent nimbés de mystère. Les traces historiques manquent cruellement, mais on sait que jadis, les Badjo parcouraient les mers, reliant certainement l’océan Indien au Pacifique Sud.


vendredi 26 février 2016

L’île de Komodo : dragons et lagons, tourisme et patrimoine (extrait)

Chroniques d'Indonésie
« Le meilleur qu’on puisse ramener de voyages, c’est soi-même, sain et sauf » professe très sagement un joli proverbe persan, criant de vérité sinon d’effroi. Un séjour au pays des dragons reste gravé dans les mémoires touristiques, car il projette le visiteur dans un autre temps, celui en vérité de l’angoisse sous contrôle et du trip organisé, bien plus que celui d’une préhistoire mythique vendue par les agences. Il reste qu’inconsciemment nombre de visiteurs gardent cette émotion et même cette sensation d’avoir échappé au pire : se faire engloutir tout cru au bout du monde par un varan géant, au mauvais moment, au mauvais endroit. Revenir « sain et sauf » de cette « expérience non ordinaire », pour reprendre le terme du sociologue John Urry, participe à ce simulacre au demeurant efficacement mis en scène, la patrimonialisation officielle du site n’ayant fait que renforcer une scénarisation bien huilée.

Le parc national de Komodo, du nom de la principale île où se trouvent les célèbres varans, est niché au cœur d’un ensemble d’îles joliment bordées de récifs coralliens sur lesquelles vivent plusieurs familles de pêcheurs musulmans, notamment des Makassar, des Bugis, des gens également venus de Sape ou de Bima sur l’île voisine de Sumbawa ou encore d’autres habitants de Florès voire de Sumba, sans oublier quelques Bajo, ces « gitans de la mer » démunis et oubliés qui survivent tant bien que mal dans l’Est de l’archipel Indonésien.
Les « dragons » de Komodo, comme on les appelle généralement, ne sont pas les derniers témoins de la préhistoire (même s’ils y ressemblent !), mais de très gros lézards et de lointains cousins qui hantent les origines de notre temps. Par contre, leur apparence, c’est-à-dire leur forte ressemblance avec les dinosaures qui ont occupé notre enfance bien plus encore que cette aire géographique, est flagrante et a largement forgé notre imaginaire. [...]